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LA LETTRE D'INFORMATION
Juin 2018

SOMMAIRE :


1. ADHÉSIONS 2018  Nous avons besoin de votre soutien!

2. ÉTANGS  Les dossiers marquants du semestre

3. COURS D'EAU  État des lieux de la cartographie des cours d'eau en Creuse

4. ZONES HUMIDES  Les zones humides du Limousin ne seront pas sacrifiées !

5. PROJETS INDUSTRIELS  Carbon Ingen'R Bugeat Viam (CIBV) : quand la réalité dépasse la fiction !

6. SORTIES RIVIÈRES  Demandez le programme !

ADHÉSIONS 2018 : Nous avons besoin de votre soutien!

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Sources et Rivières du Limousin
Centre nature "La Loutre"
87430 Verneuil-sur-Vienne

 
En ligne en cliquant sur l'image ci-dessous :
 

ÉTANGS
Les dossiers marquants du premier semestre

 

La commission milieu de SRL s’implique et vous représente dans des rencontres relatives aux plans d’eau et à leurs effets sur l’environnement.

En effet nous sommes présents dans deux groupes de travail et avons été sollicités pour une rencontre avec la Mairie de Rihac-Rancon au sujet du plan d’eau communal dit « plan de Guillot » : 

1. Les réunions de travail sur la thématique des plans d'eau pilotées par la DDT 87 (Service Eau Environnement Forêt Risques) 

Participaient à ces réunions : DDT 871 ; DREAL2, AFB3, syndicat de propriétaires d’étangs, EPTB4, Fédération de pêche de la Haute-Vienne, LNE5, Sources et Rivières du Limousin, Université d’Orléans, Association pour la promotion du poisson local. Nous avons regretté qu’aucun syndicat de rivière ne soit représenté.

L’objectif affiché de ces rencontres est la mise en place d’une « doctrine administrative », discutée avec l’ensemble des acteurs, sur la manière de traiter la question des étangs en Haute-Vienne. Cet objectif ne nous parait pas clair ; n’est-il pas plutôt de justifier un nouveau désengagement de l’État dans ce dossier ? Ou bien de satisfaire les propriétaires d'étangs sans tenir compte du droit et des objectifs de la directive cadre sur l’eau (DCE) qui vise à une amélioration de la qualité de l’eau au niveau européen ?

Deux thèses de l’université d’Orléans, très appréciées du syndicat des propriétaires d’étang nous ont été présentées lors de ces rencontres : l’une sur les dérivations (Mme Millot) et l’autre sur l’évaporation (M. Aldomany).

La thèse de Mme Millot sur les dérivations n’est pas aboutie, manifestement parti-pris et peut mettre en doute l'objectivité des raisonnements. Les conclusions sont hâtives, peu étayées sans démonstration scientifique. Cette thèse ne peut pas être un document de référence sur ce sujet.

La thèse de M Aldomany qui traite essentiellement de l’évaporation des étangs du Limousin et son impact sur le débit des réseaux hydrographiques nous parait incomplète, certains facteurs ne sont pas pris en compte. Pour l’auteur, 25 % des précipitations sont perdues par l’évaporation directe des sols nus et par l’évapotranspiration des espaces verts et des champs cultivés. Il omet complètement de citer l’évaporation des plans d’eau, ce qui dénote un parti-pris justifiant nos réserves sur la solidité des résultats.

SRL estime que ces travaux de thèse ne peuvent être pris en compte en l’état pour définir ou modifier la politique publique en matière d’étangs, d'autant plus que l'administration et ses services spécialisés (AFB notamment) ont déjà produit une littérature scientifique de qualité sur ces questions.

L’ensemble de ces cinq rencontres a montré le mauvais fonctionnement de ce groupe de travail : il a fallu insister pour avoir connaissance des comptes-rendus de réunion et les discuter. La qualité de la production de l’administration n’est pas du tout à la hauteur de nos attentes.

Dans ce dossier, Sources et Rivières souhaite que la méthode de suivi et de traitement des plans d’eau par l’administration soit complètement revue et qu’une vraie étude d'impact globale débouchant sur une négociation relative à une planification stratégique d'ensemble des étangs en Limousin soit engagée. Au vu du nombre d’étangs à traiter, il conviendrait d’identifier des bassins versant prioritaires fortement impactés par les plans d’eau et de les traiter de façon systématique.
 

2. Participation au groupe de concertation "étangs" du SIGIV7

Suite à la réunion de lancement du CTMA6 "Goire Issoire Vienne" animée par le syndicat intercommunal SIGIV, SRL s’est porté volontaire pour participer à un groupe de concertation sur la thématique « étangs ».


Participent à ces réunions : DDT 16 et DDT 87 ; le syndicat de promotion et de valorisation et des étangs en Poitou-Charente Vendée, EPTB, FEDE 16, AAPPMA locales, SRL, Chambre d’agriculture 87.

L’objectif de ce groupe est de répondre à cette interrogation : « Que proposer et que mettre en œuvre pour une gestion saine et durable des étangs, pour aujourd’hui et demain, à l’échelle du territoire du SIGIV ? »

Nous apportons la contradiction et alimentons le débat sur ce thème dans ce groupe.

Si l’on peut comprendre que des propriétaires d’étangs, en particulier de petits étangs, sont démunis en matière de moyens, de connaissances et de compétences pour comprendre et appliquer la réglementation, cela ne doit pas remettre en cause cette réglementation.

La dernière réunion de ce groupe a eu lieu le 15 mai et a établi une liste d’actions et préconisations qui seront présentées au syndicat le 11 juin puis en réunion publique le 18 juin à Confolens. Nous regrettons que ces actions soient peu opérationnelles et relèvent principalement de la communication/sensibilisation des propriétaires d’étang. Si les propriétaires d’étangs ne se mobilisent pas pour une gestion durable de leurs biens il faudra bien que les services de l’État engagent des procédures visant à faire respecter le droit.
 

3. Étang de « Guillot »


La mairie de Rilhac-Rancon a invité SRL en qualité d'expert le jeudi 17 mai à une réunion publique sur le devenir de l'étang de Guillot situé sur la Cane (6 hectares ; 550 m de long ; 7m d’eau à la digue ; 35 000m3 de sédiments).

Participaient à cette réunion : Limoges Métropole ; SRL ; l’association « les amis de Guillot », plusieurs élus et habitants de la commune.

La digue est diagnostiquée dangereuse depuis 2008 ; la responsabilité de la mairie, propriétaire de ce plan d’eau, est engagée. Trois habitations et une route départementale sont directement menacées à l’aval !

Les solutions proposées :

Dans un premier temps la vidange sera réalisée cette année, quel que soit le scénario retenu et pour des raisons évidentes de sécurité. Coût de l’aménagement du bassin de décantation :138 000€

Puis deux éventualités :

  1. Travaux de renforcement et remise en état de la digue : 696 000€ qui seraient à la charge de la mairie.

  2. Effacement : la mairie déléguerait à Limoges Métropole la maîtrise d’ouvrage et le financement serait assuré par des subventions de l’Agence de l’Eau pour une grande partie (autour de 80%).

Les débats se sont principalement tenus avec l’association locale « les amis de Guillot » qui gère ce plan d’eau (gestion eaux closes). SRL a rappelé les objectifs de la DCE et les intérêts de l’effacement pour de nombreux plan d’eau du Limousin.

La décision a finalement été mise dans les mains des habitants puisque le Conseil municipal a récemment décidé de la tenue d'un référendum local pour choisir entre la réhabilitation de l'étang et la construction d'une nouvelle halle des sports (Le Populaire du Centre, 20 juin 2018).

1 Direction départementale des territoires

2 Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement

3 Agence française pour la biodiversité (ex ONEMA)

4 Établissement public territorial de bassin (pour l’ensemble du bassin versant de la Vienne)

5 Limousin nature environnement

6 Contrat territorial milieu aquatique

7 Syndicat intercommunal des basins du Goire de l’Issoire et de la Vienne en Charente limousine
 

COURS D'EAU
État des lieux de la cartographie des cours d'eau en Creuse

 

Une cartographie non obligatoire dans les situations complexes

Tous les ouvrages, installations ou travaux importants sur les cours d’eau nécessitent de réaliser des démarches administratives qui permettent de s’assurer d’une atteinte au milieu la moins préjudiciable possible. Or, si un écoulement n’est pas qualifié de « cours d’eau », les travaux sur son tracé échappent à ces obligations. En 2015, la ministre de l’environnement d'alors, Ségolène Royal, a demandé aux préfets de réaliser une cartographie précise des cours d’eau avant le 15 décembre 2015. L’objectif était d’avoir une représentation graphique des cours d’eau conforme à la définition prévue par le code de l’environnement (les critères d’identification principaux étant les suivants : un lit naturel à l’origine, l’alimentation par une source et un débit suffisant une majeure partie de l’année).

Plus précisément, l'instruction de Ségolène Royal a prescrit la réalisation de cette cartographie dans les départements ou parties de départements où cela est possible sans difficulté majeure. Dans les autres départements ou parties de départements, seule l'élaboration d'une méthode d'identification des cours d'eau ainsi que l'élaboration d'un guide à l'attention des propriétaires riverains de cours d'eau est demandée. Le Conseil d’État (22 février 2017) a confirmé ce point et précisé que la cartographie n'a qu'une valeur indicative:

"L'instruction [...] a pour seul objet de prescrire l'élaboration d'une cartographie destinée à servir de point de référence dans l'application des réglementations en cause mais non à se substituer à l'appréciation des services dans cette application".

Les cours d'eau "oubliés" sur les cartes n'en demeurent pas mois des cours d'eau et les règles concernant les travaux demeurent applicables.


La cartographie Creusoise, un chantier trop ambitieux

La cartographie des cours d'eau concernant le département de la Creuse est en cours mais on peut dores et déjà avancer que le résultat ne sera pas satisfaisant. Sans y mettre des moyens très conséquents, c’est peine perdue dans un contexte de tête de bassin versant avec un chevelu très dense. Le Conseil supérieur de la pêche, qui avait tenté l'expérience d'une telle cartographie il y a des années s'y était d’ailleurs cassé les dents. Ce n'est pas avec les moyens actuels des DDT que l'on parviendra à un meilleur résultat.

Une "réunion de terrain" présentant la méthodologie de travail s'est tenue l'an dernier. La cartographie est réalisée par la DDT, avec l'assistance de l'AFB. La méthode consiste à compiler les bases de données existantes, puis de compléter progressivement le travail avec des visites de terrain (par exemple à l'occasion d'une demande de travaux) ce qui va prendre un temps...indéterminé. La DDT a de ce fait prévu la publication de plusieurs catégories de cartographies :

- les cours d'eau certains et reconnus

- les cours d'eau "indéterminés" qui doivent faire l'objet d'une vérification au cas par cas

- les cours d'eau "inexistants" à supprimer des cartes IGN (sic!)

En pratique aujourd'hui, seul existe ce guide qui est en fait réalisé pour l'ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine, donc très général. Il n'est pas du tout adapté au contexte creusois. Il renvoie d'ailleurs dans les cas complexe à des "documents spécifiques établis à l'échelon régional ou local", ce qui n'existe pas encore pour la Creuse.

Sources et Rivières estime que pour les départements de l'ex-Limousin, l'administration doit s'en tenir à l'élaboration de la méthode d'identification et l'élaboration du guide pour éviter d'avoir une cartographie qui sera nécessairement lacunaire.

Pour aller plus loin:
Une note explicative de FNE sur la cartographie des cours d'eau et les zones de non traitement  fait le point sur la question.
Un exemple intéressant chez nos voisins : FNE Allier à mis en place un projet de cartographie participative, pour faire face à la disparition des cours d'eau dans la cartographie publiée par la DDT de ce département.

ZONES HUMIDES
Les zones humides du Limousin ne seront pas sacrifiées!


 SRL a fait annuler l'arrêté préfectoral excluant certaines classes de sol de la catégorie des zones humides en Limousin
 
A la demande insistante de la chambre d’agriculture, le Préfet du Limousin avait dérogé à la protection stricte des zones humides en novembre 2015, en donnant la possibilité de drainer certains types zones humides en fonction de la catégorie de sol concernée (exclusion des sols de type Va, redoxisols) dans plus de 80% des communes de la région. Le nord de la Haute-Vienne et de la Creuse (Basse-Marche, Marche, Bas-Berry) était particulièrement concerné.

Les zones humides du Limousin, qui sont déjà en forte régression tant à cause de l’extension de l’urbanisation que des pratiques agricoles industrielles, n’avaient pourtant pas besoin de cette agression supplémentaire. Ce sont plus particulièrement les services rendus pas les prairies humides qui auraient disparu. Ces zones sont des freins à l’écoulement rapide des eaux de pluie vers les rivières et permettent ainsi un stockage de l’eau et une restitution progressive, particulièrement apprécié à la fin de l'été (pour les usages en eau potable et l'élevage notamment).

La dérogation du Préfet satisfaisait une demande de la FNSEA prônant en particulier une intensification de la culture du maïs. Grande utilisatrice de pesticides et d’engrais, très gourmande en eau à la période la plus sèche de l’année et dont le développement à grande échelle est un facteur d’appauvrissement de la diversité biologique de nos campagnes limousines (destruction des haies), cette culture nécessite un sol drainé afin de faciliter le travail d'engins lourds, et se fait toujours au détriment des pairies d'élevage.
 

C'était une première en France, et ce sera aussi la dernière !

La chambre d’agriculture avait fait une première tentative pour faire autoriser ces drainages en 2013. Sources et Rivières du Limousin en avait obtenu le retrait en 2014 suite à un recours devant le tribunal administratif. La chambre d’agriculture est revenue à la charge en 2015, soutenue par la DREAL Limousin. Malgré les avis défavorables répétés du Conseil Supérieur Régional de la Protection de la Nature, des structures compétentes comme le Conservatoire botanique du massif central, et une visite sur le terrain avec SRL, la préfecture a de nouveau accordé cette dérogation à la protection nationale des zones humides, qui a donc de nouveau été contestée devant le tribunal.

Le 8 février dernier, soit deux ans après, le Tribunal administratif de Limoges a tranché : l’arrêté préfectoral est illégal, il est annulé. Les zones humides seront sauvegardées encore une fois grâce à l'action de SRL.

SRL attend maintenant de la DREAL le bilan des destructions que cette décision illégale a rendu possibles en 2016 et 2017. Et espère que la lenteur de la justice administrative n'aura pas contribué elle aussi à la destruction des zones humides ...

PROJETS INDUSTRIELS
Carbon Ingen'R Bugeat Viam (CIBV) : quand la réalité dépasse la fiction !

 

CIBV, un beau projet pour le territoire du PNR de Millevaches ?

Pourquoi être contre a priori un si beau projet industriel local et innovant, qui est par dessus le marché écologique puisqu'il a recours au bois, matériau noble et vert par excellence et qui permet de réduire fortement les émissions de CO2 des villes qui vont bénéficier du combustible ainsi créé en substitution au charbon. Ce projet de pellets torréfiés permet en plus de réhabiliter une zone industrielle inoccupée et polluée, tout en dopant la création d'emplois locaux, au moins 17 personnes nous dit on.

Telle est la question que se posent bon nombre de personnes qui n'ont soit pas lu le dossier d'étude d'impact (fort indigeste au demeurant) soit pas compris les effets négatifs et cumulés en cascade d'un tel projet tant autour de Bugeat (installation classée oblige), que sur l'ensemble de la zone d’approvisionnement en bois à 80 km de rayon.

 

Une enquête publique bâclée et un déni de démocratie

L'enquête publique n'a eu lieu que sur les communes de Bugeat et Viam alors même que tout le Parc de Millevaches, et au-delà les territoires de Corrèze et des Combrailles sont tout autant concernés par la zone d'approvisionnement en bois.

L'enquête publique contrairement à l'habitude a mobilisé très largement la population lors de l'unique réunion publique organisée par le commissaire enquêteur, en séance en mairie, comme sur les registres d'enquête internet ou papier (presque 200 pages de registre au final).

De très nombreux positionnement bien argumentés et chiffrés ont montré toute l'incohérence de ce projet localement, tant du point de vue économique qu'écologique et social.

Pour autant, l'avis final du commissaire enquêteur a été tout à fait favorable au projet présenté et ce malgré toutes les lacunes et omissions relevées par les habitants, associations constituées et professionnels de la filière bois.

 

Un projet d'ICPE1 localement aberrant pour la santé des populations

Nous avons affaire dans ce cas à un gros projet industriel qui va accueillir sur zone au moins deux industriels, Carbon Ingen'R pour la production de pellets torréfiés et Lyaudet pour le broyage de souches.

Ces deux activités relèvent logiquement du régime ICPE mais seule l'activité de production de pellets a fait l'objet d'un dossier d'étude d'impact et d'une enquête publique.

Par ailleurs, le site situé au vent du bourg de Bugeat à seulement 1,5 km va nécessairement générer de nombreuses nuisances à la population : bruit des broyeurs, poussières, trafic poids lourds, émissions de gaz de combustion, pollution des eaux.

La qualité de l'air extérieur qui était jusque là un des bienfaits du plateau va sérieusement être impactée dans le périmètre immédiat du projet et notamment dans Bugeat et dans les villages proches. Potentiellement le centre sportif de Bugeat pourrait même ne plus accueillir de sportifs de haut niveau. Le bruit sera aussi une très forte nuisance régulière autour du site.

 

Un projet totalement fou pour la préservation et l'amélioration des forêts

Il y avait déjà beaucoup à redire sur la gestion des forêts en Limousin et sur le plateau de Millevaches en particulier, mais avec ce projet censé ramasser tous les andains de branches et les souches des arbres abattus, on atteint là le summum de l'incohérence en matière de gestion forestière.

La forêt est par essence un immense moteur à recycler le carbone et donc à recycler la matière végétale. C'est son fonctionnement normal qui se réalise grâce à une myriade d'espèces (insectes, champignons, bactéries, oiseaux, …) qui jouent toutes un rôle dans ce recyclage permanent de la matière.

Ainsi prélever toute la biomasse et ne rien laisser au sol est totalement contre nature et ne laissera derrière ces zones que champs de ruines stériles.

Plus grave, avec ce projet on légitime un système très néfaste et court-termiste de gestion de la forêt, celui de la plantation suivie ou précédée de la coupe rase ou coupe à blanc.

Ce ne devrait pas être le mode courant de gestion de la forêt mais plutôt l'exception or en Limousin, ce système est devenu quasiment le seul système mis en pratique. A contrario, la gestion pérenne des forêts en futaies irrégulières est totalement marginalisée.

Le broyage des souches va renforcer et intensifier encore un peu plus cette logique mortifère, car jusque là les souches n'étaient pas toujours prélevées, parfois, les replantations étaient faites en laissant les souches en place. Les rotations de coupes sur les parcelles risquent encore d'être raccourcies de ce fait, alors qu'on coupe déjà les douglas à 35 ans, quand il faudrait les laisser pousser au moins jusqu'à 60 ou 70 ans. Les accrus forestiers de bouleaux ou de chênes vont eu aussi subir le même sort à un rythme soutenu pour alimenter des besoins toujours croissants de la filière.

 

L'eau et les sols fortement impactés, une acidification accrue à prévoir

De même puisque nous sommes en contexte granitique, les sols acides sont peu fertiles et l'eau est déjà très acide, phénomène renforcé par la pollution mondiale et les pluies acides associées.

Le maintien de la matière organique dans les sols est le moyen le plus simple de limiter cette acidification qui va croissant depuis 50 ans sur le Massif Central et tous les massifs granitiques.

 

Ainsi, prélever les souches va faire descendre encore le pH de l'eau qui est déjà critique (pH<4,8) dans certaines communes, où des captages sont particulièrement touchés par la présence d'aluminium toxique dans l'eau. On frise parfois un niveau égal à trois fois la concentration maximale recommandée en aluminium dans l'eau (niveau OMS fixé à 200 µg/L) or ces communes n'ont pas conscience qu'avec ce genre de projet industriel, le problème va encore s'accroître rapidement.

 

On proposera alors sûrement aux communes des systèmes coûteux de traitement de l'eau alors même qu'il suffirait d'avoir des pratiques en adéquation avec les contraintes et caractéristiques du territoire.

 

Il serait possible de continuer encore la liste des impacts à prévoir d'un tel projet, sur le plan touristique, paysager, forestier, …

Manifestement les élus locaux ne l'entendent pas ainsi puisque ravis de voir arriver ce beau projet, ils se sont même constitués en association pour le défendre. On croit rêver… ou plutôt être en plein cauchemar.

L'avenir dira qui avait raison …. et si l'expression des habitants fortement mobilisés contre ce projet, mais qui fut aussi très stigmatisée, n'était pas au final l'avis le plus éclairé et pertinent pour préserver la vie et un avenir possible sur ce territoire.

 

1Installation Classée pour la Protection de l'Environnement

 

Jean-Jacques Gouguet, professeur émérite d'économie et d'aménagement du territoire de l'Université de Limoges et président de Sources et Rivières du Limousin a adressé en début d'année sa démission du Conseil scientifique du parc au président du PNR Millevaches.

Cette démission n'a pas été la seule dans ce contexte : un autre membre du Conseil scientifique ainsi que le chargé de mission "forêts" du PNR ont également pris le large. Nous reproduisons ici la lettre de démission de Jean-Jacques Gouguet :

 

« Après mûre réflexion et discussion hier en conseil d’administration de Sources et Rivières du Limousin, j’ai pris la décision de démissionner du conseil scientifique du PNR Millevaches.

La première raison est l’instrumentalisation du conseil scientifique dans la contribution du Bureau du parc à l’enquête publique concernant le projet CIBV qui est inadmissible. Il est affirmé en effet, pour justifier la position favorable au projet du Bureau, que le conseil scientifique « a été mobilisé depuis près d’un an sur ce dossier afin d’étudier les documents disponibles relatifs au projet, et d’éclairer les instances du Parc Naturel Régional de Millevaches en Limousin en charge de ce dossier ». Je rappellerai simplement que j’avais envoyé la proposition suivante : « Il me semble donc que nous avons besoin d’une étude d’impact globale et non pas d’une étude d’impact limitée à une unité de production. Cela peut être intégré dans le débat préconisé avec l’absolue nécessité de participation réelle du public. Pourrait-on préconiser une vraie conférence de citoyens ? ». Tout cela est resté lettre morte : on a une pseudo étude d’impact purement ponctuelle ; la concertation « à la française » fait sourire.

La seconde raison provient du non respect de la devise adoptée à l’initiative du CORP* pour définir les PNR : « Une autre vie s’invente ici ». Or sur le territoire du PNR Millevaches

  • Nous venons d’échapper à une poubelle nucléaire

  • Il y a déjà un élevage industriel de bovins

  • La gestion et l’exploitation de la forêt est calamiteuse.

On rajoute une unité industrielle de destruction des sols et de la biodiversité (coupes à blanc et enlèvement des souches). Tout cela fait beaucoup et j’ai une réputation académique à défendre. Par ailleurs, ce n’est vraiment pas ma conception de la devise « Une autre vie s’invente ici. »

 

Le 17 janvier 2018

Jean-Jacques Gouguet

* Conseil d’orientation, recherche et prospective de la fédération des PNR


Pour aller plus loin:

L'avis du Conseil scientifique du Parc
Communiqué de presse inter-associatif
Contribution inter-associative à l'enquête publique

Aussi en Corrèze:
Un projet industriel de serres à tomates à Egletons !
Contribution de SRL et Corrèze environnement à l'enquête publique

SORTIES RIVIÈRES 
Demandez le programme!


Depuis le début de l'année, SRL propose à ses adhérents mais aussi à un public beaucoup plus large de découvrir in situ les richesses de nos rivières locales. Les contacts entre les participants et les structures invitées sont particulièrement riches et permettent de mieux comprendre le fonctionnement de nos cours d'eau et de l'ensemble de la faune et la flore qui leur est associée.
Nous vous invitons très chaleureusement à partager un après-midi convivial et riche en apprentissages au contact de la nature!
www.sources-rivieres.org

Nous écrire :
contact@sources-rivieres.org

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