Ce lundi 19 août 2019, Angela Merkel est invitée par Viktor Orban à la trentième commémoration du « Pique-nique paneuropéen », qui sera notamment constituée d’une cérémonie œcuménique dans l’église luthérienne de Sopron (Hongrie).

 

• Merkel s’était déjà rendue sur les lieux pour le vingtième anniversaire de cet événement décisif dans les prémices de la chute du Mur en novembre 1989, déclarant qu’alors, « les Hongrois donnèrent des ailes au désir de liberté des Allemands de l’Est ».

• La rencontre entre Merkel et Orban n’aura pourtant rien de l’amour de vacances. Leur rendez-vous de juillet 2018 n’avait pas du tout résolu leurs désaccords majeurs, entre autres, sur la question migratoire, et les élections européennes du printemps, notamment le rassemblement des partis néonationalistes à Milan en mai, ont été l’occasion d’une opposition frontale entre les deux. Lire plus

• « Pour nous, l’intérêt national est la priorité », affirmait Orban le 16 juin 2018, un an après le décès d’Helmut Kohl, dans un discours que nous avions entièrement traduit en français. En dépit de ce rendez-vous dit « paneuropéen », difficile donc d’y voir un semblant de réconciliation avec les positions allemandes sur l’Europe. Lire plus

Nota bene 👉 L’un des terrains d’affrontement entre les partis respectifs de Merkel et de Orban, Fidesz et la CDU, a résidé pendant tout le premier semestre dans la présence de Fidesz dans le Parti Populaire Européen (PPE). Après les élections européennes de mai, la question demeure de savoir où va Orban. Lire plus

   

Les grand-messes économiques internationales seront au nombre de deux en fin de semaine prochaine et donneront un peu de relief à nos paysages de l’été. Les hautes altitudes d’abord.

• Du 22 au 24 août prochains, le symposium annuel des banques centrales de Jackson Hole, crucial pour la détermination de la Banque fédérale américaine (Fed), se tiendra dans les montagnes du Wyoming, avec pour thème : « Les défis de la politique monétaire ».

• L’année dernière, la Fed avait soutenu en amont de la rencontre que la situation économique mondiale s’améliorait mais craignait un renversement de la conjoncture qui pourrait nécessiter de recourir à des politiques monétaires non conventionnelles. Lire plus

• En 2018, quelques jours avant la rencontre, Donald Trump avait accusé la Chine de manipuler le yuan et, le premier jour du symposium, avait relancé la guerre commerciale sino-américaine en augmentant les droits de douane. La conjoncture a-t-elle tellement changé en 2019 ?

• Doit-on pour autant s’alarmer du contexte actuel et craindre, comme de nombreux médias le signalent, une montée des incertitudes et une récession prochaine, compte tenu notamment de l’inversion de la courbe des taux à 2 et 10 ans aux États-Unis ? Attention, parce que « crier au loup est un exercice facile ». Lire plus

Après la montagne, c’est l’océan Atlantique qui accueillera l’autre grand rendez-vous économique de la semaine.

 

• Biarritz et ses quatre kilomètres de littoral accueilleront le groupe des 7 du 24 au 26 août. Baptisé « Un G7 contre les inégalités », il mettra en lumière la pluralité des inégalités (éducation, soins, accès aux ressources, etc.) avec une priorité accordée aux inégalités hommes-femmes. Il s’interrogera également sur les défis environnementaux et démocratiques contemporains.

©GEG | Cartographie pour Le Grand Continent 

• Au-delà des sept États au cœur du G7 (depuis l’exclusion de la Russie du G8 en 2014), le rendez-vous biarrot associera d’autres grandes démocraties avec une forte influence régionale, des partenaires africains et des acteurs de la société civile, notamment de la région.

   

Alors que les musulmans se rendaient sur les lieux saints de La Mecque dans le cadre du pèlerinage de Hajj cette semaine (9-14 août), de nombreux catholiques (ou simples randonneurs) parcouraient les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, ouverts toute l’année mais massivement suivis pendant l’été, et en particulier autour de l’Assomption le 15 août. Le graphique suivant est important :

©Olivier Lenoir pour La Lettre du Lundi / Sources : Oficina de Acogida al Peregrino & Saphir News

• Il n’y a aucun sens de comparer Hajj et Saint-Jacques en matière d’effectifs en valeur dans ce graphique. Le catholicisme comprend d’ailleurs d’autres pèlerinages tels que celui vers le sanctuaire de Notre-Dame de Fatima (9,4 millions de pèlerins en 2017).

• Pourtant, ces deux courbes traduisent une croissance manifeste du nombre de pèlerins depuis 2015. La foi prend de moins en moins de vacances dès lors qu’elle est sollicitée par des rites importants, semble-t-il.

• Pour ce qui est des pèlerinages chrétiens au moins, cette augmentation peut rendre perplexe. L’on connaît le discours très appuyé sur le recul des pratiques en Europe. C’est « la sécularisation sociologique, qui est celle de la chute des pratiques.» (Olivier Roy), qui peut également parfois conserver certaines pratiques sous la forme d’un folklore devenu séculier.

• Cette hausse manifeste invite à se poser la question qui nous mord les lèvres, avec Olivier Roy : l’Europe est-elle chrétienne ? Lire plus

   

Même si le sable n’a envahi cette année ni Paris-Plages ni Bruxelles-les-Bains (renommée « Hello Summer » cette année), ce matériau granulaire est l’image d’Épinal des vacances estivales. C’est aussi un objet géopolitique.

• La Malaisie a annoncé à Singapour qu’elle cessait ses exportations de sable, élément pourtant essentiel à l’extension territoriale sur la mer entreprise par la cité-État pour mettre en œuvre ses ambitions.

• Les raisons officielles avancées par la Malaisie, la protection de l’environnement et la lutte contre les trafics illégaux, ne semblent qu’une partie du problème. Kuala Lumpur est très inquiète de la corruption des fonctionnaires s’occupant du sable et de la croissance inexorable de Singapour, qui menace ses propres ambitions.

• Déjà empêchée d’importer du sable par l’Indonésie (2007) et le Cambodge (2017), Singapour cherche de nouveaux partenaires (Birmanie, Bangladesh, Philippines, etc.), mais osera-t-elle racheter des terres dans un Groenland dont les neiges fondent inéluctablement ? Lire plus

Nota bene 👉 Si les plages vous intéressent, pourquoi ne pas « déambul[er] sur le sable noirci de diésel des camions » de Lomé, ainsi qu’Olivier Vallée vous y invite ? Lire plus

   

Les derniers jours ont donné lieu à plusieurs annonces et publications accablantes pour la préservation de l’environnement.

• Le 29 juillet a été qualifié de « jour du dépassement » de l’année 2019. Cet indicateur du Global Footprint Network (GFN) marque le début de la période « à crédit » de l’humanité, lorsque nous avons consommé l’ensemble des ressources renouvelables annuelles disponibles.

• Pourtant, les indicateurs retenus pour estimer ce jour ne sont pas évidents. Ils ont parfois été critiqués, en raison de données manquantes, des difficultés de comparabilité entre différents aspects pris en compte ou d’autres biais méthodologiques.

• Certains analystes privilégient donc d’autres mesures : empreinte carbone de la planète, émissions de gaz à effet de serre, etc. Mais en dépit des imperfections de cet indicateur, les associations environnementales s’accordent sur l’intérêt pédagogique et « frappant » de cette date. Lire plus

• Autre publication majeure : le rapport du GIEC de ce 8 août, alarmant sur la condition et la dégradation des terres, qui menacerait la sécurité alimentaire mondiale dans son ensemble, et qui exposerait près d’un quart de la population mondiale à des pénuries d’eau.

Un risque de stress hydrique extrême menace directement un quart de la population mondiale. C’est ce qu’en conclut le World Resources Institute, groupe de réflexion de Washington, qui a actualisé le 6 août dernier sa carte sur le sujet, nommée WRI's Aqueduct. Voyagez-vous dans une zone à risque ?


©GEG | Cartographie pour Le Grand Continent

Nota bene 👉 🐋🦍🦏🐆🐯🐳🦅🦎🐊 Il faut également noter que, la semaine dernière, Donald Trump a largement méprisé les associations de protection de l’environnement et de la biodiversité en allégeant allègrement une loi sur la protection des espèces en danger, l’Endangered Species Act (1973).

   

L’Italie meuble à elle seule une grande partie du vide de l’actualité européenne de mi-août. En témoigne le taux d’ouverture particulièrement élevé de La Lettre du lundi chez les parlementaires italiens.

©Ada Colau/Twitter

• La crise de Schrodinger. Dans une situation assez floue et qui change chaque jour, l’offensive de Salvini a été, pour le moment, désamorcée par l’action conjointe du Parlement italien et le Président de la République. Pour résoudre la crise, plusieurs solutions sont maintenant possibles : un gouvernement technique suivi par des élections, une alliance Mouvement Cinq Étoiles-Parti Démocrate, ou même un nouveau gouvernement 5 Étoiles-Ligue avec une nouvelle géométrie. 

• De plus, les préoccupations concernant la situation économique et la loi de finances rendent la situation très complexe. 

• Le joueur de poker. Salvini a fait un pari, qui semble avoir, pour la première fois, montré quelque faiblesse dans sa stratégie : selon Gianfranco Pasquino, professeur à l'Université de Bologne, « Salvini a agi comme un joueur de poker : il a les voix, mais je ne parierais pas sur lui. Il s’est montré capable dans ses campagnes sur les plages, moins comme homme de gouvernement. »

• En effet, l’objectif ultime de Salvini reste de convoquer des élections, et il a orienté déjà tous ses efforts vers une campagne électorale permanente, centrée (à nouveau) sur un argument : la lutte contre l’immigration. Lire plus

Nota bene 👉 L’immigration a justement été l’occasion d’un énième simulacre de scandale médiatique de Salvini sur les réseaux sociaux. Face à l’arrivée du navire Open Arms, Salvini, totalement réticent, a traité la maire de Barcelone d’« angéliste », alors qu’elle lui rappelait son devoir d’accueil, ce à quoi l’intéressée a répondu dans un autre tweet querelleur. Le ministre de l’Intérieur italien s’est finalement résolu à accueillir 27 mineurs du navire à Lampedusa ce samedi 17 août.

   

• 🗳️ Guatemala. Le 12 août, Alejandro Giammattei a été élu président de la République avec 57,95 % des voix lors d’un deuxième tour marqué par un taux de participation extrêmement faible (38 %). Avec lui, la droite conservatrice arrive au pouvoir dans un autre pays de l’Amérique latine. Lire plus

• 🎂 Rabat. Le Maroc vient de célébrer les vingt ans au pouvoir du roi Mohammed VI, l’occasion de dresser un premier bilan concernant sa politique étrangère. Son règne a été marqué par l’ancrage sur le continent africain. Lire plus

• ⚖️ Skopje. Le récent scandale « Reket » dans la République de Macédoine du Nord jette une sombre lumière sur les efforts de Bruxelles dans la région et fournit un avertissement sur l'efficacité de ses politiques à ce jour. Lire plus

• 🇭🇷 Zagreb. La Croatie est le plus jeune membre de l'Union et un « pays de frontière » par rapport aux voisins des Balkans au début de leur parcours d'adhésion, ce qui en fait un point d'observation privilégié. Nous avons rencontré S.E.M. Filip Vučak, ambassadeur de la République de Croatie en France, pour une ample conversation qui croise histoire, géopolitique, politique et doctrine. Lire plus